jeudi 28 novembre 2019

La famille à drames

The Umbrella Academy
année de parution : 2019
trouvable à l'heure actuelle en : streaming
featuring : Ellen Page (Vanya), Tom Hopper (Luther), Emmy Raver-Lampman (Allison), David Castañeda (Diego), Aidan Gallagher (Numéro 5), Robert Sheehan (Klaus) et Justin H. Min (Ben) entre autres

En février de cette année, on a pu voir sur Netflix une nouvelle série avec de vrais morceaux de super-héros : The Umbrella Academy, adaptée d'un comics de Dark Horse réalisé par Gerard Way et Gabriel Bá. Je ne parlerai pas ici de la bande dessinée, tout simplement parce que je ne l'ai pas lue, et de fait, je ne parlerai pas non plus de la fidélité ou non de sa transposition sur écran. Mais ça ne m'empêchera pas de dire tout le mal que je pense de la première saison, qui a pourtant connu suffisamment de succès pour que la plate-forme de streaming commande une suite. Mais après tout, ça se saurait si mes avis suivaient le sens du courant.

A la fin des années quatre-vingt, 43 femmes très exactement ont donné naissance à des enfants sans jamais être tombées enceintes. Mais le plus fort, c'est que ces enfants semblent avoir des prédispositions surhumaines, autrement dit des pouvoirs. C'est du moins la théorie de Sir Reginald Hargreeves, richissime scientifique un peu barré, qui décide de recueillir sept de ces enfants pour en faire une équipe de héros. Et, en dépit d'une tutelle très autoritaire, ou peut-être grâce à elle, les gamins deviennent effectivement remarquables.
Luther, le chef d'équipe, est doté d'une force colossale, tandis que Diego, numéro deux dans l'organigramme, est un expert au combat, et en particulier avec des armes blanches. Allison développe le pouvoir de contrôler les esprits en répandant des rumeurs, Ben peut faire jaillir de gigantesques tentacules de son corps, et numéro cinq, qui n'a pas de prénom, est capable de se téléporter. Finalement, Klaus est un peu le maillon faible, "seulement" apte à parler avec les morts. Mais attends une minute : ils étaient pas sept, au départ ? Là, ça n'en fait que six... Bravo les champions !
La septième, c'est Vanya, et Vanya... c'est la seule qui n'a pas pouvoirs. On se demande d'ailleurs pourquoi Hargreeeves l'a adoptée, et encore plus pourquoi il la garde, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle ne fait pas partie de l'équipe qui sauve le monde, rapidement baptisée Umbrella Academy. Cette équipe, c'est la coqueluche des medias, mais Vanya n'est jamais sur la photo de groupe... Elle n'en conçoit pas de rancoeur pour autant, mais les choses vont rapidement dégénérer. Comment ? On ne sait pas trop, mais la série fait un bond en avant dans le temps, et la situation a grandement changé.
 
Aujourd'hui, Luther n'est plus un super-héros mais un astronaute, au physique de colosse difforme (on apprendra en cours de route pourquoi), Allison est devenue une star du showbiz, probablement grâce à ses pouvoirs, et Klaus est un junkie avec une certaine tendance à l'auto-destruction. Ben est mort, numéro cinq est porté disparu, Vanya est sous cachetons et seul Diego poursuit son taf de justicier, lorsque les forces de l'ordre lui en laissent l'opportunité. Personne ne peut blairer personne dans ceux qui restent, et pourtant, tout ce beau monde se retrouve à l'académie, à l'occasion de la mort du paternel. C'est là que numéro cinq fait son retour, avec le physique qu'il avait dix ans plus tôt, et porteur d'une terrible prophétie : le monde va être détruit dans une semaine !
Le coup de la famille dysfonctionnelle, au passé glorieux et à l'avenir incertain, c'est finalement assez proche des visions post-modernes du super-héros représentées par des œuvres majeures comme Watchmen ou, dans une moindre mesure, The Boys. Remplacez "équipe" par "famille" et c'est un copier-coller ! Le fait qu'ils portent le même patronyme n'en renforce pas le pathos, puisqu'il n'y a pas de véritables liens du sang. Les allers et retours entre l'âge d'or de l'académie et son sombre présent permettent de développer chaque personnage au bon moment, tactique classique de scénariste. Bref, jusque-là tout va bien. La série ne déborde pas d'imagination, mais l'intrigue est bien servie. Par contre, les personnages...
Bon sang, ce qu'ils sont tête-à-claques ! Encore une fois, n'ayant pas lu la BD, je ne saurais dire si cette caractérisation épouvantable est due à Gerard Way ou à Steve Blackman et à ses équipes, mais le résultat est épouvantable. Luther est monolithique à l'excès, Diego agressif à l'excès, Vanya dépressive à l'excès, Klaus est la représentation-même de l'excès... Et de fait, sans arrêt la série oscille entre le pathos de certaines scènes et la grandiloquence ridicule, notamment durant les - rares - scènes d'action. Jusqu'à un final absolument imbitable. A cela s'ajoutent des personnages secondaires qui, d'une part, sont eux aussi très caricaturaux, et d'autre part, polluent le récit en amenant des sous-intrigues vraiment pas indispensables : ça fait brodé, et mal raccordé.

Oui, c'est Mary J. Blige et Cameron Britton ! Seules véritables réussites d'un casting par ailleurs décevant, et d'une série qui, au final, ne donne pas vraiment envie d'en connaitre plus. Rendez-vous tout de même l'année prochaine pour voir si ça se confirme.

lundi 30 septembre 2019

La sélection du trimestre

Oui, à première vue, vous vous dites que l'article est incomplet, et vous vous demandez si la page a bien été chargée. Et puis vous apercevez le glossaire et il n'y a plus de doute : le problème vient d'ailleurs. Et vous vous dites alors que je n'ai fait qu'une partie du boulot. Avec tout ce qui a été publié depuis trois mois, il est impossible que je n'aie retenu que quatre pauvres bouquins... Et pourtant... Ce sont ces quatre-là qui, à mon sens en tout cas, valent la peine d'être lus. Et pour le reste, désormais, je mettrai en fin d'article une liste de tout ce que je lis et ne retient pas, avec les notes correspondent.

LA SELECTION, DONC
    DEATH or GLORY tome 1, sorti le 5 juillet chez Urban (contient Death or Glory 1 à 5, publié par Giant Generator)

par Rick REMENDER au scénario et BENGAL au dessin                    note : 4,5
Pour sauver son père du cancer qui doit le tuer d'ici peu, Glory Owen a besoin d'argent. De beaucoup d'argent, et c'est pourquoi elle décide de braquer le shérif corrompu de sa bourgade, qui transporte l'argent du parrain Korean Joe. Mais le cambriolage tourne mal, et la jeune femme découvre le trafic d'êtres humains auquel se livrent les cartels. Enthousiasmante, la nouvelle saga de Rick Remender l'est assurément. En dépit de cette figure paternelle pesante dont l'auteur ne se défait jamais vraiment, et malgré un style quelque peu académique, les très nombreux rebondissements et le style excessivement nerveux du dessinateur français Bengal poussent à poursuivre la lecture.

    Le MAITRE-VOLEUR tome 6, sorti le 10 juillet chez Delcourt (contient Thief of Thieves 32 à 37, publié par Skybound Entertainment)

par Andy DIGGLE au scénario et Shawn MARTINBROUGH au dessin                note : 4
Alors qu'il vient de décider de ne plus braquer que ceux qui se sont approprié leurs objets de valeur de manière illégale, Conrad Paulson est contacté par Viktor et Maxim Zubov, deux frères oligarques qui concourent pour les plus rares trophées, par cambrioleurs interposés. Les adversaires de Redmond sont des légendes du grand banditisme. Andy Diggle n'en avait donc pas fini avec la série de Robert Kirkman et Nick Spencer. Après un léger hiatus, il relance son anti-héros au milieu d'une guerre entre bandits, qui se poursuivra sur la prochaine arche narrative. On ne s'ennuie pas, et Shawn Martinbrough ravit par sa maîtrise des ombres.

    SUNSTONE tome 6, sorti le 10 juillet chez Panini (contient Sunstone : Mercy 1, publié par Top Cow Productions, inc.)

par Stjepan SEJIC                                    note : 4
Anne et Alan ont eux aussi connu des difficultés à affirmer leur identité sexuelle, et à l'heure où ils s'apprêtent à avoir un enfant ensemble, ils racontent à Lisa leur tumultueux passé amoureux, fait de petites frustrations, de silences gênés et de grands moments de révélations. On ne comprend pas vraiment le contexte qui pousse les deux principaux protagonistes de cette deuxième arche narrative à se raconter de la sorte, mais qu'importe : Stjepan Sejic se montre une fois de plus capable de mettre en scène les histoires d'amour les plus improbables, et son sens esthétique n'est plus à démontrer.

lundi 26 août 2019

Vault Comics : c'est une histoire de famille

Deux Instants VO au cours du même mois ? Ça faisait belle lurette que ce n'était pas arrivé ! C'était d'autant plus improbable cette année, durant laquelle je ne publie que deux chroniques par mois. Mais bon, c'est l'été, j'ai eu plein de temps pour mes lectures et de fait, j'ai enquillé les productions de deux éditeurs à la suite. Gorilla, c'était de la gnognotte : à peine une vingtaine de bouquins à lire, ça tient au mieux trois jours ! Mais celui dont on va parler aujourd'hui, c'est autre chose. Allez, en route.


L'INSTANT VO (What else ?)
Pour commencer, Vault Comics est un éditeur récent, et encore en activité. Il a été fondé dans le Michigan en 2016, par Adrian et Damian Wassel, qui partagent les fonctions managériales de leur société avec leur père, Damian Senior, et un cousin du nom de Nathan Gooden. Aucun des quatre n'a particulièrement baigné dans le milieu du comic-book, mais la structure familiale, rare dans ce business, attire rapidement le regard des médias. Le coup de projecteur est de courte durée, mais nous allons voir qu'il a permis de sortir de l'ombre quelques pépites.

Fissure et Heathen sont les deux premiers titres à voir le jour, en février 2017. Si le premier, court récit catastrophe rempli de poncifs, n'est guère marquant malgré la présence de Tim Daniel au scénario, le second se distingue de la masse. Natasha Alterici y conte les aventures d'une jeune viking aux prises avec les saloperies que lui envoie Odin, mais la particularité de son récit, c'est que l'héroïne en question est lesbienne, dans un monde où non seulement homophobe, mais aussi excessivement patriarcal. De fait, le conte que l'auteure développe tient également lieu de réflexion sur la société actuelle, même si l'approche n'est pas toujours très fine, en témoigne une deuxième arche narrative un peu cliché. La série a subi un long hiatus, mais elle a recommencé il y a quelques mois et vient d'achever son deuxième cycle.

Le mois suivant sort Powerless, une dystopie éculée dessinée sans trop y croire par Gooden, puis en avril deux nouvelles mini-séries : Colossi, une sympathique, quoique peu innovante, variante de Chérie, j'ai rétréci les gosses !, et Failsafe, une super histoire de science-fiction dessinée par Federico Dallocchio. Ce roster de départ est très hétérogène, mais on peut y distinguer deux mouvances : premièrement, le catalogue tourne autour de la fantasy et la S-F, c'est une volonté de la famille Wassel ; et deuxièmement, on entend parfois résonner au sein des équipes créatrices quelques noms, non pas de superstars du medium, mais d'auteurs reconnus, qui s'impliquent donc auprès d'un tout jeune éditeur.

Et la tendance va perdurer tout au long de l'année 2017. En juillet paraissent Zojaqan, un périple surréaliste dans lequel Nathan Gooden semble cette fois-ci s'amuser comme un petit fou, et Alien Bounty Hunter, de la S-F pure et dure dans laquelle les équipes dirigeantes de Vault sont très impliquées... mais pas que ! Mark Wahlberg, le fameux "new kid on the block" devenu acteur, est crédité en tant que producteur de la série. Qu'est-ce que cela signifie vraiment ? A priori, c'est avant tout un coup de pub, mais cela montre en tout cas une volonté de sortir du lot... et le coup de projo fonctionne un temps.
En aout, Tim Daniel lance une nouvelle mini-série, Spiritus, sorte de The Prisoner (la série télévisée de et avec Patrick McGoohan) cyberpunk dont on attend encore à ce jour le troisième épisode. Et le mois suivant, c'est Ricardo Mo, déjà auteur de Colossi, qui revient aux manettes de Deuce of Hearts, une mini-série où un gars utilise un smartphone surnaturel pour glaner des points d'amour, qu'il transforme en chance. Le principe rappelle un peu la comédie adolescente Status Update, pour ceux qui connaissent. Viennent enfin en octobre Maxwell's Demons, une bizarrerie philosophico-science-fictionnesque qui commence comme un Jack B. Quick un peu glauque, mais qui vire rapidement sur d'autres thématiques ; et Reactor, la suite de la mini-série Interceptor parue chez Heavy Metal, et qui sera elle-même réimprimée sous forme de recueil par Vault Comics.
C'est Donny Cates qui est au scénario des deux sagas. Un auteur bankable, comme on dit, depuis sa collection de succès aussi bien chez Marvel qu'en indépendant. En 2018, les mini-séries entamées l'année précédentes poursuivent leur cours, et elles sont accompagnées par quelques nouveautés d'intérêts variables. En janvier sort le très moyen récit d'heroic-fantasy Song for the Dead, qui s'achève de manière assez brutale. En février, Vault Comics lance son anthologie, ou plutôt son label anthologique, qu'elle baptise Cult Classic. L'idée est d'y proposer des tas de récits fantastiques à petits prix, mais pour l'heure, seul le bipartite Return to Whisper a vu le jour. En avril, le planning de l'éditeur reprend du poil de la bête grâce à Kevin Anderson, romancier abonné aux adaptations de franchises, publie la première partie d'une fresque inédite, Stalag X, dessinée par Mike Ratera. Le même mois débute l'amusant space-opera Wasted Space, de Mike Moreci.
Et toujours en avril, parait Deep Roots, un étonnant mais agréable récit fantastique au fort message écologiste. Après quoi débute Vagrant Queen, un autre space-opera beaucoup plus dispensable, et durant l'été, c'est le récit d'horreur Submerged qui atteint les rayonnages. Sacrée ambiance dans cette courte mini-série, dont la conclusion déçoit, néanmoins. Les dernières nouveautés de 2018 arrivent en septembre. Si Friendo n'est pas aussi réussi que son pitch (des lunettes connectées dont l'I.A. prend peu à peu le contrôle de son utilisateur !) le laissait supposer, Fearscape est un brillant hommage à l'imagination lovecraftienne, dessiné par Andrea Mutti, et These Savage Shores est un somptueux récit d'aventure teinté de fantastique, qui n'a pas encore atteint sa conclusion, mais qui se suit avec passion.
Cette année, il a fallu attendre avril pour voir arriver les titres inédits de l'éditeur. Et encore... Si Queen of Bad Dreams n'est pas dégueu, She Said Destroy est un récit de science-fiction mâtinée de mysticisme religieux qui peine encore à convaincre après trois numéros. Après le recueil d'Interceptor en juin, on a vu arriver trois nouvelles séries cet été. Test est un récit cyberpunk signé Christopher Sebela, encore trop brouillon pour se faire une idée définitive du bestiau ; Sera and the Royal Stars promet une aventure mystique en terre persane, cadre original transposé de belle manière sous les crayons d'Audrey Mok ; et Resonant est un récit-catastrophe, lui aussi bercé d'écologie, qui, malgré son propos et le dessin d'Alejandro Aragon, ne convainc pas non plus pleinement.
A l'heure où j'écris ces lignes, les nouveautés d'aout ne sont pas encore sorties, mais lorsque vous lirez ce paragraphe, elles auront vu le jour. Mall semble être un huis-clos horrifique, scénarisé par Mike Moreci, encore une fois. The Necromancer's Map est la suite de Song for the Dead. Et The Plot est un récit d'horreur, qui inaugure la ligne Nightfall de l'éditeur, et qui voit surtout deux de ses auteurs les plus en vue, Tim Daniel et Mike Moreci, s'associer ! Alors OK, cet article ressemble foutrement à un catalogue, je suis d'accord. La jeunesse de l'éditeur et le faible nombre de ses parutions ont permis/contraint à cet effet catalogue. Si on dézoome, on peut résumer Vault Comics sous l'étiquette d'un éditeur familial dédié aux œuvres fantastiques, qui pêche encore un peu par son inexpérience, mais qui commence à grimper en puissance. Pour l'anecdote, on notera aussi deux curiosités concernant les couvertures des bouquins : la plupart de ces covers présente des illustrations panoramiques, qui vont de la quatrième de couv' à la première ; et toutes les nouvelles séries bénéficient de couvertures alternatives qui rendent hommage à des grands classiques du medium.
Les éditeurs français ne s'intéressent pas encore à Vault. Seuls Hi Comics, la nouvelle branche séquentielle de Bragelonne, a traduit Interceptor, et encore : à priori, c'était dans le cadre d'un accord avec Heavy Metal plutôt qu'avec Vault.
Notez que je n'ai pas lu (car pas trouvé) quelques comics du studio :
- en l’occurrence  Stalag X, le bouquin de Kevin J. Anderson

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Failsafe (avril 2017, 6 épisodes)
scénario : F.J. Desanto et Todd FARMER
dessin : Federico DALLOCCHIO
Il y a dix ans, les Etats-Unis ont financé un programme de soldats cybernétiquement améliorés, mais devant l'instabilité des sujets, il a fallu fermer l'opération très rapidement... et se débarrasser des preuves. Mais il reste encore des agents dormants à travers le monde entier, et John Ravane est chargé de les arrêter avant que le gouvernement ne soit obligé de déclencher l'opération Failsafe. F.J. Desanto et Todd Farmer imaginent un polar techno-politique qu'ils placent volontairement dans un futur proche pour mieux dénoncer les dérives du tout sécuritaire. L'approche est efficace, le rythme est haletant et les dessins de Federico Dallocchio sont impressionnants de réalisme.

These Savage Shores (septembre 2019, 4 épisodes)
scénario : Ram VENKATESAN
dessin : Sumit KUMAR
Lorsqu'Alain Pierrefont débarque à Calicut, au dix-huitième siècle, avec la Compagnie des Indes, il croit pouvoir oublier son passé et reconstruire sa légende. Mais le vampire ignore que le jeune prince Vikram de Zamorin est protégé par Bishan, un être immortel aux pouvoirs incroyables. La correspondance épistolaire qui sert de point de vue et change à chaque épisode n'est qu'une des très bonnes idées qui parsèment la mini-série de Ram V. Le mélange entre fantasmagorie occidentale et mythologie hindoue en est une autre, et la perfection des dessins de Sumit Kumar renforcent la puissance évocatrice de cet univers si plaisant.

A feuilleter à l'occasion
Alien Bounty Hunter (juillet 2017, 5 épisodes)
scénario : David BOOHER et Adrian WASSEL
dessin : Nathan GOODEN et Nick ROBLES
Chasseur de primes sans grand avenir, Ben Madsen est engagé par un certain Miles Sullivan, de la sûreté du territoire, pour appréhender un dangereux fugitif décrit comme bioterroriste. Il s'agit en réalité de Nyx, un criminel extraterrestre qui semble totalement inarrêtable. La mini-série d'Adrian Wassel et David Booher, bien qu'inachevée, est construite sur un rythme suffisamment enlevé pour accrocher le lecteur du début à la fin. Le concept est vendeur, les personnages savoureux en dépit d'interactions parfois surprenantes, et le dessin de Nick Robles n'est pas désagréable.

Deep Roots (avril 2018, 5 épisodes)
scénario : Dan WATTERS
dessin : Val RODRIGUES
Héros de batailles uniquement remémorées à travers les mythes du monde entier, la Sentinelle est réveillée de sa torpeur à chaque fois que le monde de l'Homme et celui de la nature entrent en conflit. L'agent Abigail Hester est justement chargée de contrecarrer l'invasion de champignons destructeurs qui menace l'humanité toute entière. En dépit d'une narration un peu lourde, Dan Watters fait passer son message écologique de belle manière, à travers une mini-série qui ne se repose pas uniquement sur son engagement, mais qui a aussi des atouts plus traditionnels à faire valoir, en particulier l'agréable style protéiforme de Val Rodrigues.

Deuce of Hearts (septembre 2017, 5 épisodes)
scénario : Ricardo MO
dessin : Tony GREGORI
Gravement malade, Sullivan Husk a fait un pacte avec les démons : sa santé recouvrée contre l'amour de sa femme. Depuis, il utilise une application sur son téléphone pour transformer l'amour de ses nombreuses conquêtes en chance. Mais les conséquences ne sont pas négligeables, d'autant plus lorsque sa fille, dont il ignorait l'existence, fait irruption dans sa vie. En dépit du coup de crayon de Tony Gregori, nerveux mais disproportionné, la mini-série de Ricardo Mo est plutôt agréable. Le concept est original, l'univers est cohérent, les personnages sont attachants, le récit est bien construit et le final, bien qu'expéditif, mérite à lui seul la lecture.

Fearscape (septembre 2018, 5 épisodes)
scénario : Ryan O'SULLIVAN
dessin : Andrea MUTTI
Contrairement à l'auteur à succès Arthur Proctor, Henry Henry n'a aucun talent d'écrivain, si l'on en croit son agent. Mais sa rencontre avec la Muse, il accepte tacitement de devenir le Conteur, dernier descendant d'une lignée d'humains qui ont combattu les horreurs du Plan de l'Effroi. Jouant avec le quatrième mur, Ryan O'Sullivan délivre une mini-série excessivement bavarde, portée par un anti-héros qui révèle petit à petit une horreur hélas bien plus ordinaire qu'il n'y paraît de prime abord. Plus malin que ce qu'il promettait, le récit jouit des somptueuses illustrations d'un Andrea Mutti au sommet de sa forme.

Heathen (février 2017, 8 épisodes)
scénario et dessin : Natasha ALTERICI
Pour avoir refusé l'autorité d'Odin, la valkyrie Brynhild a été condamnée par le père des dieux à souffrir une malédiction éternelle. Mais la jeune viking Aydis, elle-même rejetée de son clan parce qu'elle a embrassé une autre jeune femme, s'est donné pour mission de la libérer. Le périple est ardu, et peuplé de puissants adversaires. En utilisant le contexte d'une mythologie patriarcale, Natasha Alterici peut développer un message de tolérance puissant tout en faisant preuve de beaucoup de finesse. Malin, son récit surprend cependant par ses premiers visuels griffonnés, à mille lieues de ce que les couvertures promettaient, mais heureusement vite remplacés par des peintures plus douces. La deuxième partie est moins fine, au scénario comme au dessin.

Queen of Bad Dreams (avril 2019, 3 épisodes)
scénario : Danny LORE
dessin : Jordi PEREZ
Il arrive que des créatures s'échappent des cauchemars et entrent dans le monde physique. Lorsque tel est le cas, on fait appel aux angents de l'Annexe Morphéenne, et la juge-inspectrice Daher Wei est la plus expérimentée d'entre eux. Elle est chargée par l'influent Emerson Chase de retrouver la femme de ses rêves...Le principe d'un thriller de science-fiction tient dans un twist simple, qui implique des rebondissements impossibles dans un polar traditionnel. C'est le cas de la mini-série de Danny Lore, qui repose sur le concept d'êtres imaginaires qui prennent vie dans la réalité, et qui s'appuie également sur le dessin très particulier mais très stylisé de Jordi Perez.
Sera and the Royal Stars (juillet 2019)
scénario : Jon TSUEI
dessin : Audrey MOK
Fille aînée du roi de Parsa, Sera mène les troupes de son père face aux armées de son oncle maléfique, Shaheen, lorsqu'elle est soudain transportée dans une autre dimension. Là, Mitra le Yazata confie à la jeune princesse la mission de retrouver les étoiles royales, sans quoi le monde des humains cessera d'exister. On saluera tout d'abord le travail d'Audrey Mok, dont le style s'inspire pour beaucoup de l'univers manga. Solides et agréables à l'oeil, ses dessins retranscrivent de belle manière l'univers et les personnages imaginés par Jon Tsuei. Un décorum d'heroic-fantasy inspiré par les contes des Mille-et-Une Nuits.

Wasted Space (avril 2018, 10 épisodes + un Holiday Special)
scénario : Mike MORECI
dessin : Hayden SHERMAN
Billy Bane a été la Voix du Créateur, le plus grand prêcheur de tout l'univers et celui qui a convaincu l'union planétaire de placer Devolous Yam au poste de Leader Galactique. Depuis, le tyran a mis à mal des populations entières, et son ancien porte-parole est convaincu par la jeune Molly Sue et ses visions d'aller l'abattre. La série de Mike Moreci est pour le moins bavarde, et l'univers de science-fiction qu'il développe n'a rien de très original. Mais il parvient à rendre ses personnages attachants, et Hayden Sherman met en scène cet avenir désenchanté de belle manière, bien qu'avec force traits et hachures.

Zojaqan (juillet 2017, 5 épisodes)
scénario : Collin KELLY et Jackson LANZING
dessin : Nathan GOODEN
Pleurant depuis des années son fils décédé, Shannon Kind est soudainement projetée sur Zojaqan, un royaume irréel où elle va devoir venir en aide aux paisibles Zoja, victimes des armées innombrables de la Vague Brutale. Ce faisant, elle provoque leur rapide évolution, mais à quel prix ? La fable imaginée par Collin Kelly et Jackson Lanzing évite autant que faire se peut de se montrer moralisatrice, mais elle n'en manque pas moins d'explorer les fondements de la religion, avec un final apocalyptique à la clef. Au dessin, Nathan Gooden est très surprenant, mais efficace.

lundi 19 août 2019

Gorilla Comics, espèce menacée

Nouvel épisode de l'Instant VO, et celui-ci porte bien son nom puisque la structure éditoriale qui le concerne n'a duré qu'un instant à l'échelle du médium ! Et par conséquent, cet article lui-même ne durera qu'un instant... Mais tel un bon café, il s'agit d'un concentré de bonnes choses, à commencer par des grands noms : on y parlera de George Perez, de Kurt Busiek, de Mike Wieringo, de John Byrne... et des co-fondateurs d'Image Comics, bien entendu !


L'INSTANT VO (What else ?)
Et puis tiens, commençons par eux, ou plus exactement par celui qui me servira de trait d'union : Erik Larsen. Outre son statut de créateur et showrunner de l'une des séries super-héroïques les plus extraordinaires de tous les temps, le père Larsen est également connu dans le milieu pour ses prises de position très engagées, en politique notamment. Mais aussi lorsqu'il s'agit de parler du milieu lui-même, et notamment de certains de ses pairs. C'est le cas avant tout de John Byrne avec qui, sauf coup promotionnel spectaculaire, il ne passera pas ses vacances !

Il faut dire que Byrne, c'est un peu Larsen avant Larsen : superstar - et à juste titre - durant les années quatre-vingt, c'est aussi une grande gueule qui tire à boulets rouges sur tout ce qui le gène au sein du microcosme comics... et en particulier sur les co-fondateurs d'Image. La faute à leur audace qui frôle le sans-gêne, mais aussi, sans doute, à leur succès fulgurant qui éclipse, à l'orée de la décennie suivante, le sien. Sans être tout aussi virulents, nombreux sont les créateurs qui, devant le succès d'Image Comics, confient de manière plus ou moins discrète qu'ils regrettent cette ère du dessinateur-roi. Les éditeurs sont jetés aux oubliettes, est-ce un mal ? Mais quid des scénaristes ? Et même, que deviennent les artistes dont le style, un peu trop académique, ne correspond plus à la mode du "in your face" ?

C'est la question que se posent quelques vétérans qui, à l'approche du nouveau millénaire, peinent non seulement à séduire les fans d'Image, mais même à trouver du travail chez Marvel ou DC Comics. Neil Gaiman travaille avec Todd McFarlane avant de se fritter violemment avec lui, Chris Claremont collabore avec Jim Lee... George Perez, Barry Kitson, Tom Grummett, Mark Waid, Karl Kesel et Stuart Immonen sont eux aussi des monuments du comic-book, et pourtant, en 1999, leur oeuvre est considérée ringarde. Alors ils décident de s'organiser en studio et fondent Gorilla Comics, qui publiera ses ouvrages dès le début de l'année suivante... chez Image Comics ! Les deux premiers d'entre eux se nomment Shockrockets, par Kurt Busiek et Stuart Immonen, et Empire, par Mark Waid et Barry Kitson.
Le premier est un bijou de science-fiction en six épisodes, qui fait irrémédiablement penser à Robotech mais qui s'avère à la fois passionnant par ses rebondissements, et magnifique grâce aux illustrations magistrales de Stuart Immonen. En outre, le premier épisode de la mini-série s'accompagne d'une histoire courte qui sert de prologue à Empire, une histoire de super-vilains dont le parcours éditorial est plus chaotique : après deux épisodes seulement, le récit de Mark Waid disparait des écrans et ne réapparaitra que des années plus tard, chez DC Comics, lorsque ses auteurs réimpriment les deux opus sous la forme d'un épais numéro zéro, avant d'en continuer le récit pour six numéros supplémentaires.
Pour Crimson Plague, le troisième titre du studio, c'est un peu l'inverse : il a connu une première vie chez Event Comics avant que l'éditeur ne ferme ses portes. Quelques temps plus tard, George Perez importe et enrichit son one-shot avant d'en proposer une suite, mais décidément, la saga de la femme qui tue quand elle saigne - tel est le pitch ! - n'ira pas au-delà des deux épisodes, sur neuf prévus. Et là, pour le coup, on attend encore une éventuelle reprise. Toujours est-il que le premier volet contenait lui aussi le prologue d'une autre franchise de Gorilla, en l'occurrence Section Zero. Cette série de super-héros, qui rappelle un peu le Planetary de Warren Ellis, est l'oeuvre de Karl Kesel et Tom Grummett. Elle aussi s'achèvera assez vite, mais elle a depuis peu ressuscité sous un autre label, à savoir le Shadowline, Ink de Jim Valentino !
Pourquoi tant d'arrêts ? Tout simplement parce que la durée de vie de Gorilla excède à peine les six mois ! Entre avril 2000, date de parution du premier épisode de Shockrockets, et octobre de la même année, où voit le jour le dernier épisode de la mini-série, les plans des co-fondateurs du label s'écroulent. En effet, le modèle d'édition d'Image implique que les auteurs doivent financer la publication de leurs ouvrages, avant d'être remboursés sur les ventes. Or, Busiek, Perez, Waid et consorts espérer utiliser le site web eHero.com, qu'ils avaient mis en place parallèlement à leur ligne de comics, pour payer les frais. L'expérience est un échec, les gars s'endettent et, finalement, jettent l'éponge.
Et pourtant, on voit encore passer quelques comics estampillés Gorilla en 2001. C'est le cas de Superstar, à nouveau par le duo Busiek / Immonen. Une histoire de super-héros mâtinée de télé-réalité que ses auteurs décident de supporter sur leurs deniers personnels. Mais c'est aussi et surtout le cas de Tellos, un conte d'heroic-fantasy lancé par Todd DeZago et Mike Wieringo à la fin des années quatre-vingt-dix, en nom propre, et rattachée au studio des vétérans vers la fin de son run. C'était un joli coup, d'autant que la saga a connu son petit succès en son temps, mais cela ne suffira pas. Gorilla Comics ferme ses portes cette année-là, non sans avoir, malgré tout, remis un coup de projecteur sur ses auteurs, qui retrouveront assez vite des places intéressantes chez les majors.
L'aventure fut de courte durée, mais SEMIC s'est fait fort de traduire une très grande partie du catalogue : Shockrockets sous forme de fascicules, Empire dans la collection SEMIC Books, et Tellos sous les deux formats... Des années plus tard, c'est Glénat qui s'empare de Superstar, à l'occasion de la réimpression signée IDW Publishing. J'ai lu tout ce que l'éditeur a proposé.

Le bilan : 
A lire de toute urgence
Empire (mai 2000, 2 épisodes)
Paru en VF chez SEMIC, dans la collection SEMIC BOOKS
scénario : Mark WAID
dessin : Barry KITSON
Entouré des plus grands super-criminels de l'Histoire, le tyran Golgoth est devenu le maître du monde. Les super-héros ont été anéantis, mais dans les rangs du despote subsistent des poches de résistance. Il les maintient pour l'instant sous son joug grâce à une drogue de son invention. Entamée chez Image Comics, sous le label Gorilla Comics, puis transférée chez DC Comics, la série de Mark Waid s'affranchit des codes super-héroïques traditionnels et réinvente le genre avec brio en plaçant le focus sur les criminels. Barry Kitson et son traît classique y font merveille.

Shockrockets (avril 2000, 6 épisodes)
Paru en VF chez SEMIC, en trois fascicules kiosque
scénario : Kurt BUSIEK
dessin : Stuart IMMONEN
Simple mécanicien, le jeune Alejandro Cruz est témoin du crash de l'un des Shockrockets, élite de l'armée régulière en guerre contre le séparatiste Korda. Bien vite, l'adolescent finit par intégrer l'équipe, démontrant de grands talents de pilote. Mais son manque d'expérience pourrait lui nuire sous le feu ennemi. Avec un auteur aussi expérimenté que Kurt Busiek au scénario et un artiste aussi talentueux que Stuart Immonen, on pouvait s'attendre à une lecture passionnante. La mini-série répond parfaitement aux attentes, l'action trépidante le disputant aux dessins spectaculaires.

Tellos (mai 1999, 10 épisodes (dont 3 chez Gorilla) + 1 Prelude & 1 Prologue)
Paru en VF chez SEMIC, en cinq magazines kiosque
scénario : Todd DeZAGO
dessin : Mike WIERINGO
Véritable univers-patchwork, le monde de Tellos est désormais la proie des redoutables Spectres Sauteurs du cruel tyran Malesur. Le jeune Jarek et son ami, l'homme-tigre Koj, fuient les monstres et se retrouvent sur le navire volant d'une séduisante capitaine pirate au fort caractère. Le scénario de Todd Dezago, à la lisière entre le conte de fées et la classique histoire d'heroic-fantasy, ne pousse guère à se pencher sur cette maxi-série. Pourtant, les personnages sont rapidement attachants, et le dessin cartoony de Mike Wieringo est magnifique.

A feuilleter à l'occasion
Section Zero (juin 2000, 3 épisodes)
scénario : Karl KESEL
dessin : Tom GRUMMETT
Depuis des générations, les gouvernements du monde entier financent en secret la Section Zero, une unité de l'ONU chargée d'enquêter sur les phénomènes étranges. Mené par le docteur Titania Challenger, le groupe actuel est saboté sans le savoir par A.J. Keeler, un ancien membre de l'organisation qui fait désormais office de liaison avec les Nations Unies. On pensera assez facilement à la fabuleuse saga de Warren Ellis, Planetary, mais la mini-série de Karl Kesel est aussi et surtout un hommage aux débuts des Fantastic Four de Marvel Comics. Dessinée de manière très efficace par Tom Grummett, elle reste inachevée et c'est fort regrettable.

Superstar (2001)
Paru en VF chez Glénat, en recueil librairie
scénario : Kurt BUSIEK
dessin : Stuart IMMONEN
Grâce à l'empire médiatique de son père, Superstar est devenu une idole aux yeux du public. Ce qui tombe plutôt bien, puisque ce sont les dons d'énergie de la population qui lui permettent de demeurer le plus puissant des super-héros. Mais son ennemi de toujours, Robot Sapiens, va détourner son système d'approvisionnement en énergie pour contrôler télépathiquement les masses. Jouant plus sur le registre de la starisation à outrance que sur le modèle super-héroïque lui-même, Kurt Busiek ne va malheureusement pas au bout de ses idées. Cela est d'autant plus regrettable que Stuart Immonen le secondait à merveille, son trait classique se montrant comme toujours parfaitement solide.

mercredi 31 juillet 2019

Kishin Douji Zenki sur Game Gear

Kishin Douji Zenki

machine : Game Gear

année : 1995
développeur : SEGA
éditeur : SEGA
joueurs : un
genre : plates-formes / action


 
Il y a quelques milliers d'années et des bananes, le vieux bonze Ozunu Enno avait peut-être un nom rigolo, mais il était capable de s'assujettir la puissance des démons pour triompher de leur reine, Karuma. Et puis quand il en avait plus besoin, il les rangeait dans un rocher en attendant que la prochaine guerre mystique se déclenche. Aujourd'hui, Chiaki Enno, descendante directe de l'ermite, parvient justement à délivrer l'un d'entre eux, Zenki, pour l'aider à triompher du monstre à deux têtes qui terrorise les environs. C'est vous qui contrôlez le démon, et le combat en question n'est qu'une formalité. Le seul petit problème, si je puis dire, c'est que Zenki n'a pas pleinement retrouvé l'usage de ses pouvoirs, et qu'il se réincarne du coup en une espèce de gamin tête-à-claques un peu nul et pas très coopératif. Mais comme Karuma continue à semer ses graines et à transformer le badaud en gros streum, il va aider sa nouvelle patronne à faire le ménage à travers toute la contrée. Vous pouvez du reste choisir avant chaque niveau lequel des deux vous souhaitez incarner.


 
UN VOYAGE DE MILLE LIEUES COMMENCE TOUJOURS PAR UN PREMIER PAS
Zenki peut se rouler en boule lors des sauts à la manière de Sonic le hérisson, et il est également capable de réaliser une Spin Attack au sol, qui sert d'attaque et qui lui permet aussi de se faufiler dans les couloirs étroits. Chiaki quant à elle, saute plus haut mais se montre vulnérable dans les airs. Elle peut aussi attaquer de loin grâce à des projectiles magiques. Les deux peuvent également courir tant que vous maintenez le premier bouton enfoncé. Chacun des deux dispose d'une jauge de santé composée de trois crans, mais invisible à l'écran ! Charge à vous de savoir où vous en êtes ! Vous pourrez trouver sur votre chemin des bananes, seules ou en régimes, qui restaurent respectivement un cran et la jauge complète. Pour ce faire, il faudra détruire les petits rochers qui parsèment votre route.

Les kanjis, quant à eux, sont à cumuler pour obtenir une vie supplémentaire, mais on peut aussi obtenir directement un one-up en ramassant les orbes violets. Les deux sont directement visibles à l'écran. Il existe enfin des gros rochers, que seule Chiaki peut détruire, et qui renferment des billets de trois couleurs différentes, correspondant à des magies élémentaires. Le rouge crée un tourbillon de flammes capable notamment de faire fondre les blocs de glace. Le bleu est affilié à l'air et déclenche une tornade qui supprime tous les adversaires présents à l'écran, et qui peut aussi souffler les brasiers. Et le jaune projette un rayon d'énergie droit devant vous, seul à même d'éliminer les espèces de barrières vivantes bleues qui bloquent parfois votre parcours. On utilise le sort en inclinant le pavé directionnel vers le haut tout en appuyant sur le bouton d'attaque, et il faut savoir que Chiaki ne peut détenir qu'un sort à la fois.

Le premier stage est une caverne partiellement inondée où vous devrez sauter de plate-forme en plate-forme afin d'atteindre la sortie, symbolisée par une étoile clignotante rouge. En chemin, vous trouverez également une étoile clignotante bleue, qui sert de checkpoint, au cas où vous décèderiez de mort létale. Le niveau suivant vous demande de gravir les pans d'une montagne avant de vous enfoncer dans ses méandres, où vous continuerez de progresser verticalement par le biais de poulies sur lesquelles vous vous accrocherez, en prenant garde à ne pas trop attendre pour les lâcher, sous peine de vous empaler sur les piques qui les surplombent. L'endroit comporte deux sorties, l'une d'entre elles menant vers un niveau annexe, uniquement accessible à Zenki et dans lequel vous aurez à affronter une espèce d'araignée-cyclope.


L'ECHEC EST LE FONDEMENT DE LA REUSSITE
Pour ce faire, Chiaki redonne momentanément à Zenki sa forme initiale, et vous débutez un combat de boss. Sous cette forme, vous pouvez donner des coups de griffes et sauter, mais aussi et surtout charger vos attaques pour relâcher une boule de feu. Le principe se reproduira face à chaque boss que vous allez croiser, mais il faudra parfois changer de technique spéciale, en passant par le menu de pause, Zenki disposant dès le début de quatre sortilèges plus ou moins efficaces dans telle ou telle situation. En tout cas, en battant n'importe quel boss, y compris l'araignée, vous gagnez une espèce de noix qui augmente la taille de la jauge de vie de votre forme démoniaque. Quant à la deuxième sortie de la montagne, elle conduit vers un village dont tous les habitants ont été massacrés. Le coupable n'est autre que le premier véritable boss que vous aurez à affronter, et qui se montre très pénible à toucher.

Après l'avoir battu, vous accederez à un niveau qui se déroule sur un pont au dessus de l'eau. Il mène à un nouveau stage qui n'en est pas vraiment un, puisque sitôt vous avez mis les pieds dans ce lugubre manoir que vous êtes agressé par un nouveau boss. Celui-là vous traque sans relâche, et seuls vos coups spéciaux peuvent lui nuire. C'est l'un des grands badass de la saga. Après l'avoir battu, vous vous retrouvez dans un désert qui, lui aussi, contient deux issues. La moins accessible des deux vous mènera tout d'abord vers une forêt, qui elle-même vous entraîne vers un niveau bonus strictement identique au précédent dans son principe. La seconde donne sur une ville. Vous y serez poursuivi par un hélicopète, que vous devrez détruire avant qu'il n'en fasse de même. Vous aurez alors affaire à un nouveau boss, facile à vaincre. Hélas, il se régénère et sous sa deuxième forme, vous ne pouvez le battre : Zenki se sacrifie pour que Chiaki puisse poursuivre sa route.


C'est là que les orbes (21) entrent en jeu. Pour continuer, il va falloir ressusciter votre pote, et pour ce faire, il faudra retourner dans les niveaux et y obtenir les orbes spécifiques qui y sont parfois très bien cachés. De retour au temple, vous faites revenir Zenki qui, sous sa forme démoniaque, y gagne une nouvelle attaque spéciale. Juste à temps pour affronter l'espèce de sorcier (34) qui vous barre la route et qui, lorsque vous le mettez à l'amende, se transforme en une gigantesque créature, heureusement assez simple à vaincre (35). Il ne reste plus que le dernier combat, contre l'ultime boss, qui se montre au départ d'une facilité déconcertante (37). Bien entendu, ce n'est qu'une façade et, sous sa forme finale, votre Némésis dispose de techniques toutes plus mortelles les unes que les autres (38). Il faudra donc batailler ferme pour l'emporter, et pour pouvoir ainsi profiter de la jolie séquence de fin (39).



EN RESUME :
SCENARIO : seuls les adeptes du manga sauraient dire si le jeu de SEGA en suit les grandes lignes, mais je ne suis pas de ceux-là. Si l'on en croit les bruissements de la Toile, ce n'est pas vraiment le cas. Toujours est-il que l'aventure est très scriptée.
GRAPHISMES : pour le support, Kishin Douji Zenki est plutôt joli. Les sprites ne sont pas minuscules, les décors sont fins et colorés... On aurait simplement apprécié qu'ils soient un peu plus variés, ces environnements.
ANIMATION : l'ensemble est quelque peu rigide, faute de ressources suffisantes pour fluidifier les mouvements, mais les animations sont sans faille. Par contre, il n'est pas rare de subir des ralentissements, lorsque trop de choses se produisent à l'écran.
SON : l'environnement sonore est plutôt pêchu. Il n'y a là rien de particulièrement marquant, mais la musique accompagne bien l'action, et les bruitages ne sont pas trop prenants.
JOUABILITE : les variations importantes entre les deux personnages principaux et le gameplay totalement différents lors des combats de boss offrent une grande variété de situations. Dommage que votre avatar, quel qu'il soit, mette autant de temps à répondre...
DIFFICULTE : il s'agit avant toute chose de bien connaitre les pièges que les développeurs ont tendu sur votre route, après quoi l'aventure est assez simple. Mais l'absence de système de sauvegarde provoquera quelques sueurs froides.
DUREE DE VIE : votre quête est assez longue, surtout si vous voulez arriver devant le dernier boss en grande forme, ce qui implique quelques explorations annexes. Au point que l'on conseillera à ceux qui utilisent le support physique de jouer branchés !
VERDICT : si l’œuvre originale n'est guère mémorable, certains des jeux vidéo qui en ont été tirés ne sont pas désagréables. Cette itération Game Gear en fait partie, malgré ses quelques défauts.
POURQUOI CETTE VERSION : cinq jeux estampillés Zenki ont été produits durant l'année 1995 ! Mais SEGA n'a signé que celui-ci, et il est tout à fait unique.

lundi 22 juillet 2019

Avengers in Galactic Storm en arcade

Avengers in Galactic Storm

machine : arcade
système : MLC System Hardware
année : 1995
développeur : Data East
éditeur : Data East
joueurs : deux
genre : versus fighting



 
Les Krees et les Shi'Ars, deux races extraterrestres qui ont souvent croisé la route des super-héros de la Terre, ont déclenché une guerre intergalactique. Jamais les derniers pour faire la police aux quatre coins de l'univers, comme tout bon Américain qui se respecte, les Avengers se lancent dans la mêlée, espérant empêcher l'escalade et engager un traîté de paix. Dans les comics, tout cela s'est déroulé durant le crossover Operation : Galactic Storm, toujours inédit en France à l'heure où j'écris ce test, et ça finit mal. Dans Avengers in Galactic Storm, c'est à vous de changer l'histoire. Et pour tout vous dire, vous allez en chier... Pour commencer, vous allez pouvoir choisir votre mode de jeu : soit vous suivrez l'histoire du jeu, vaguement inspirée par le comic-book mais n'impliquant cette fois-ci que les méchants Krees, soit vous vous contenterez de bastons en versus sans scénario pré-établi. Vous devrez ensuite choisir votre avatar. En solo, vous ne pourrez jouer qu'avec les Avengers, mais en un-contre-un, les Krees sont également jouables. Dans chaque camp, seuls quatre personnages sont sélectionnables, auxquels s'ajoutent quatre assistants. Oui, vous avez bien lu, le puissant Thor et l'invincible Iron Man ne sont que des assistants, des petites merdes, quoi. A peine bons à porter le café.

WITH A LITTLE HELP FROM MY FRIENDS

Avengers in Galactic Storm est un jeu de combat en deux dimensions, malgré ses personnages représentés en 3D pré-calculée à la manière d'un Killer Instinct. L'idée est donc de péter la gueule au gars d'en face durant trois rounds au maximum, le premier à en remporter deux gagnant le combat, ce qui se matérialise par un substantiel gain de points. Un seul round suffit en mode Story, mais il faut savoir qu'un Time Up vous oblige à continuer le round, en perdant au passage un crédit ! La direction arrière permet de se protéger et vous disposez de deux boutons pour mettre des coups de poings, plus ou moins forts, et de deux autres pour les coups de pieds. Bien entendu, il existe des combinaisons permettant de projeter l'adversaire ou de réaliser les sacro-saints coups spéciaux, comme dans n'importe quel jeu de baston. Et puis bien entendu, il est aussi possible de réaliser des combos, autrement dit d'enchaîner les coups de base et, éventuellement, les coups spéciaux dans la foulée.

En mettant des pains sur la gueule du gars d'en face, de même qu'en en recevant du reste, vous remplissez petit à petit une jauge en dessous de votre jauge de vie. Lorsque celle-ci affiche un OK, vous pouvez invoquer votre assistant. Le principe est identique à Marvel Vs. Capcom, mais c'est bel et bien Avengers in Galactic Storm qui a inventé le concept, puisqu'il est sorti avant ! C'est la meilleure manière de réaliser des combos, du reste. Si la jauge est remplie au maximum, il est également possible de déclencher une super attaque en réalisant la combinaison quart de tour du bas vers l'avant suivi des deux boutons de coups de pieds. Plus fort encore, le jeu autorise un deuxième joueur à entrer dans la danse lors d'une partie en solo. Selon le choix du premier joueur lors de la sélection du mode de jeu, le deuxième joueur sera soit un allié lors des combats, soit un adversaire !

Mais si vous choisissez de vous allier face aux Krees, et ce serait bien normal vu que la devise des Avengers est le rassemblement, il est possible de déclencher, lorsque les deux joueurs ont leur jauge de spécial au maximum, une double attaque ultime de la muerte qui tue la vida, comme le montre l'Attract Mode de la borne d'arcade. En mode Story, les combats s'enchaînent contre les quatre Krees, entrecoupés de dialogues pas super bandants et de quelques scènes en écrans majoritairement fixes, et ce jusqu'à ce que vous battiez le boss. Après quoi, selon vos performances, Galen Kor vous défie une nouvelle fois, et ce n'est toujours pas fini. Le jeu vous entraîne ensuite dans une succession de combats aléatoires, non seulement contre les Krees mais aussi contre les Avengers, et ce n'est qu'après avoir foutu une branlée à tout le monde que vous assisterez à la véritable fin. Ou comment prolonger artificiellement la durée de vie d'un jeu pas très profond...

Car oui, on a beau retourner le problème dans tous les sens, ça fait jamais que huit persos jouables. Petit tour d'horizon, tout de même. Galen Kor est le chef militaire des Krees. Habitué à se prendre branlée sur branlée dans le comics, il est aussi mauvais dans le jeu, même lorsqu'il revient en tant que "boss secret", et ce malgré son gros canon qui devrait faire des ravages. Tout le contraire de Shatterax, le cyborg membre de la Starforce, qui dispose aussi bien de redoutables attaques à distance que d'une barrière électrique pour contrer les adversaires un peu trop agressifs. Korath le Poursuiveur, lui aussi membre de la Starforce, se montre également assez coriace. Il est équipé d'une armure qui lui confère pas mal de capacités et une grosse puissance de feu, un peu à la manière d'Iron Man dans les versus fighting de Capcom. Le docteur Minerva, elle encore membre de la Starforce, décidément, est le personnage féminin par excellence, à savoir rapide mais pas très puissant. Attention tout de même, elle est vraiment très véloce, et ses coups spéciaux sont redoutables. Pour finir, Supremor, toujours de la Starforce, c'est le big boss qui peut vous enchaîner durant tout le round s'il le souhaite. Si, si...

Côté héros, c'est comme toujours Captain America qui prend le leadership. Fort et agile, l'homme au bouclier-boomerang est capable de bien des prouesses, et il se montre particulièrement équilibré. Le rôle du gros bourrin est attribué à Thunderstrike, le Thor du pauvre qui avait cours dans les années quatre-vingt-dix. Son lancer de marteau et ses attaques à base de foudre sont relativement efficaces, mais il n'est pas bien véloce. A contrario, Crystal l'Inhumaine - non, elle est très gentille, c'est une espèce extraterrestre, les Inhumains - mise tout sur sa rapidité, et sur des coups spéciaux absolument ravageurs. Le Chevalier Noir, enfin, est certes armé d'une épée, ce qui le rend foncièrement cool, mais ce n'est pas le personnage le plus marquant du roster.


EN RESUME :
SCENARIO : Operation : Galactic Storm n'était pas le crossover le plus réussi de la franchise, qui était qui plus est en perte de vitesse dans les années quatre-vingt-dix. Mais ça, éventuellement, on s'en tape un peu. Toujours est-il que le jeu est plutôt scripté pour un versus fighting, même si son histoire s'éloigne fort du synopsis d'origine.
GRAPHISMES : alors là, il y a deux écoles : ceux qui étaient ébahis par la 3D précalculée, à l'époque où les stations Silicon Graphics promettaient un rendu plus vrai que nature, et ceux qui n'y voyaient qu'une bouillie de pixels. J'étais plutôt de ces derniers, mais je commence à y trouver un charme. Et vous ?
ANIMATION : pour le coup, les mouvements des personnages sont fluides, très décomposés dans la plupart des cas, et les effets spéciaux sont plutôt spectaculaires, même si l'on n'atteint pas le degré de pyrotechnie des jeux de baston de Capcom. On sent, en tout cas, que le MLC en a dans le ventre.
SON : les thématiques musicales sont nerveuses et relativement accrocheuses en dépit d'une qualité audio pas terrible. Les bruitages sont par contre très grossiers.
JOUABILITE : non seulement Avengers in Galactic Storm a inventé le principe du Helper, rappelons-le, mais il reste au delà de cet artifice un bon versus fighting, assez exigeant et reposant sur des bases solides. Le jeu à deux en coopératif est une bonne idée.
DIFFICULTE : si l'on se base uniquement sur l'aventure solo, la quête scénarisée est assez compliquée, en particulier sur la fin, mais la possibilité de jouer en deux contre un simplifie les choses. Dans l'autre mode de jeu, les adversaires sont moins coriaces.
DUREE DE VIE : le point faible du titre de Data East. Même si l'on a coutûme de dire qu'un versus fighting ne se mesure pas à la longueur de son mode solo, le tout petit roster implique forcément que l'on fait vite le tour de la question.
VERDICT : objectivement, on est loin du chef d'oeuvre. Mais Avengers in Galactic Storm apporte son lot d'inovations et il peut, dans une bonne ludothèque, venir en complément de la saga de Capcom, comme un cousin éloigné.
POURQUOI CETTE VERSION : le jeu est exclusif aux salles enfumées. Boh si, allez, on pouvait aussi le trouver dans les salles d'arcade non-fumeur, je suppose...